There’s a Crack in Everything – 4.09 — 14.12.25
À une époque où inégalités, privilèges et systèmes d’oppression sont mis à nu, le présent s’apparente à une crise en perpétuel mouvement. Les urgences politiques, écologiques et affectives se conjuguent à l’érosion d’un langage commun, donnant naissance à un moment marqué par la fracture et la désorientation.
There Is a Crack in Everything réunit plus de 25 artistes internationaux dont les pratiques mêlent notions de beauté, forme, sensualité et toucher à des questions urgentes d’identité et de territoire. Leurs œuvres remettent en cause les significations figées et révèlent la porosité et la mobilité des frontières entre le soi et son environnement, à travers un large spectre de langages artistiques.
Aujourd’hui, le Musée Juif de Belgique se tient à la croisée de son passé et d’une réinvention en devenir. Entièrement vidé, ses galeries dépouillées, il attend une reconstruction incertaine. Cet état de suspension dépasse notre situation particulière : il témoigne de la manière dont ce temps d’attente ouvre la voie à de nouvelles possibilités. Sous la forme d’un projet d’exposition étendu, cette démarche se déploie comme une conversation perpétuelle entre artistes contemporains, à l’intérieur et au-delà du bâtiment et de ses histoires multiples.
Le bâtiment lui-même — maison privée, école allemande, prison militaire, entrepôt d’instruments de musique — a connu de multiples métamorphoses façonnées par les aléas de l’histoire. Aujourd’hui, dans cette phase d’attente, il est évident que ce qui émergera ne pourra se limiter à restaurer ce qui fut. Ce temps suspendu devient une métaphore de la manière dont la fracture engendre de nouvelles perspectives.
Le titre, emprunté à Leonard Cohen — « There’s a crack in everything, that’s how the light gets in » — suggère que cette fissure est à la fois destructive et créatrice. Les interstices deviennent des espaces propices à l’émergence de nouvelles formes de pensée, où les certitudes vacillent.
Les artistes réunis ici explorent des situations de rupture. Ils n’offrent ni consolation facile, ni réponses définitives, mais des voies pour habiter l’incertitude avec intelligence et courage. Dans les galeries vides, l’absence se fait médium, l’indétermination matière à création.
Cette exposition s’inscrit pleinement dans la condition transitoire du musée et affirme la fragilité comme une reconnaissance lucide du terrain précaire sur lequel reposent désormais toutes les institutions culturelles.
Ce projet est organisé par Jewish Museum In/Out et sa directrice Barbara Cuglietta, en collaboration avec le commissaire invité Martin Germann.