Cette exposition propose un regard artistique sur un épisode exceptionnel de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Le 19 avril 1943, le 20e convoi quittait le camp de transit de Malines pour déporter 1 631 Juifs vers Auschwitz. Grâce à des actions de résistance menées à la fois depuis l’intérieur et l’extérieur des wagons, 236 de ces déportés parvenaient à sauter du train qui les destinait à l’extermination.

Revenant sur cet acte de rébellion unique dans l’Europe occidentale sous administration nazie, le photographe Jo Struyven (°Sint-Truiden, 1961) nous donne à voir les paysages qui ont servi de cadre à cette histoire méconnue. Dressant un « mémorial » contemporain, ces photographies sont une réponse à l’indifférence qui caractérise aujourd’hui ces paysages dépouillés, où n’apparaît nulle présence humaine, et qui furent pourtant chargés d’(in)humanité.

Placées en dialogue avec ces photographies, deux peintures de Luc Tuymans (°Mortsel, 1958) évoquent la destruction des Juifs et des Roms d’Europe. De manière réitérée, l’œuvre de Tuymans explore la relation qu’entretiennent les individus avec l’Histoire et les confronte à leur capacité à l’ignorer. La persécution durant la Seconde Guerre mondiale s’érige, à partir de la fin des années 1970, en thématique de sa peinture.

« Écrire un poème après Auschwitz est barbare ». Tel est le constat qu’émettait, en 1949, le philosophe allemand Theodor W. Adorno. À travers deux perspectives issues des arts visuels, c’est cette question de l’(im)possibilité de l’art après la Shoah que pose cette exposition.

Organisée en partenariat avec la Fondation Auschwitz, cette exposition sera accompagnée d’un ouvrage-catalogue (sortie de presse le 19 avril 2023), ainsi que d’un espace pédagogique qui présentera les témoignages d’évadés du 20e convoi de déportation.

Luc Tuymans, Our New Quarters, 1986, huile sur toile, 80,5 x 120 cm (MMK –
Allemagne)

Luc Tuymans, Die Wiedergutmachung, 1989. Huile sur carton, montée sur contreplaqué,
Huile sur toile ; diptyque, 36,6 x 43 cm, 39,4 x 51,8 cm (Collection privée)

En partenariat avec le PhotoBrussels Festival

Cette Exposition, Femmes marocaines – Entre éthique & esthétique, – création originale du Centre de la Culture Judéo-Marocaine -, revisite les règles d’apparence dans l’esthétique marocaine, explore l’éthique et les coutumes imposées aux femmes ainsi que les motivations – toujours à l’œuvre – de ces usages très codifiés. 

Pour la première fois, productions anciennes et créations récentes sont mises en dialogue, dans un riche parcours narratif présentant une grande quantité d’objets datant du XVIème siècle à nos jours: objets traditionnels et cultuels, vêtements, ornements, talismans et bijoux, documents d’archives, photographies et dessins, tableaux orientalistes provenant de la Collection Dahan-Hirsch qui tient une place particulière dans la sauvegarde du patrimoine culturel et civilisationnel du Maroc, dont nous mesurons ici la grande valeur historique et affective. 

Parmi les missions essentielles de notre musée figure celle de promouvoir la connaissance et lacompréhension de la religion et de la culture juive à travers le temps et l’espace, et d’en souligner la richesse spirituelle et matérielle.


Le judaïsme est complexe à définir, parce qu’il renvoie bien sûr à la religion mais également à d’autres concepts, comme l’identité, la culture, le mode de vie, les traditions. Cette exposition tente principalement d’en expliquer l’aspect religieux.


Dans les salles seront abordés les thèmes suivants : rites de passage, lieux de culte, Chabbat et fêtes
juives.

S’il le désire, le visiteur pourra commencer par visionner une vidéo qui l’éclairera pour la suite de sa visite.

Les juifs, l’angle mort de l’antiracisme ?

Le 19 mars 2023 à 17h, l’Union des Etudiants Juifs de Belgique, le MerKaz et le Musée Juif de Belgique auront le plaisir de recevoir la sociologue Illana Weizman à l’occasion de la publication de son dernier ouvrage “Des blancs comme les autres ?” traitant de l’angle mort que représente la lutte contre l’antisémitisme au sein les milieux antiracistes.

Un panel d’intervenants issus du monde associatif juif et du monde associatif antiraciste suivra la présentation d’IIlana Weizman afin d‘échanger avec elle à partir de son ouvrage. Nous publierons leurs noms sur l’évènement dans les prochains jours.

C’est un fait, dans les communautés juives actuelles domine le sentiment que la lutte contre l’antisémitisme est la grande oubliée des luttes antiracistes. La solitude à laquelle font trop souvent face les acteurs de la lutte contre l’antisémitisme ou, tout simplement, la fréquente absence de compréhension du phénomène antisémite dans les millieux antiracistes sont autant d’éléments qui renforcent ce sentiment.

Face à ce constat, les interventants et le public échangeront autour de plusieurs grandes questions : pourquoi l’antisémitisme est-il mis en marge des luttes antiracistes ? Comment réhabiliter la lutte contre l’antisémitisme et l’inscription de ce combat dans la lutte antiraciste ? Comment renouer la collaboration entre les associations militantes et les communautés juives ? 

La conférence se tiendra en français.

Déroulé de l’événement : 

Ouverture des portes17h
Début de la conférence par une intervention d’Illana Weizman17h30-18h
Panel de discussion 18h-19h15
Conclusion 19h15-19h30

Chantal Akerman, Marianne Berenhaut, Sarah Kaliski et Julia Pirotte sont artistes. L’une réalise des films, l’autre des sculptures. Une autre est peintre, la dernière est photographe. Ce sont quatre femmes juives. Issues de différentes générations, elles ont émigré ou sont nées de parents apatrides qui ont fui l’Europe de l’Est et les persécutions dans les années 1930. Toutes les quatre ont habité Bruxelles et ont en commun d’avoir vécu – directement, ou à travers leurs proches – l’Occupation, d’avoir vu et subi les déportations, d’avoir traversé le désastre.   

Chantal, Marianne, Sarah et Julia sont sœurs. Sœurs d’autres parents. Elles ont survécu, ou simplement vécu, grâce à la résilience des leurs. À l’instar de Ruth Elias, Ada Lichtman, Paula Biren et Hanna Marton, Les Quatre sœurs revenues des camps de la mort dont le cinéaste Claude Lanzmann avait recueilli les témoignages à la fin des années 1970, elles ont en partage l’expérience de la Shoah. Elle sont dépositaires d’une mémoire, faite d’autant de récits que d’absences et de paroles lacunaires. Une faille, un silence, une hantise qu’elles ont reçu en héritage.  

Artistes, elles ont fabriqué des œuvres, des langages, des manières de voir dans et autour de ce trou dans l’Histoire, dans leur histoire. Évoluant chacune dans un monde singulier, Chantal, Marianne, Sarah et Julia se sont parfois croisées, aperçues au détour d’une exposition d’une projection. Femmes, elles se sont construites avec une force et un engagement qui en font aujourd’hui des modèles de vie et de liberté. Juives, elles se sont interrogées sur le poids de l’appartenance et de la transmission, sur les puissances d’une culture éparse et diasporique.  

Four Sisters est une exposition chorale, qui suit le regard de ces quatre figures, dont les existences, mises bout à bout, couvrent un siècle entier d’Histoire et où s’entremêlent des évènements, des lieux, des destructions, des émancipations, des transformations politiques et des expérimentations intimes. Mêlant œuvres et archives, images et textes, présentations monographiques et arrangements collectifs, Four Sisters entrecroise les fils de ces récits de vie, à la manière d’un tissage. Ce tissage s’étend jusque dans le présent, à travers la participation ponctuée d’artistes d’une plus jeune génération. A l’intérieur de Four Sisters, dans les détails et les plis, les souvenirs se mêlant à la fiction, il y a des gestes, des temps et des fragments dont les échos résonnent et composent de nouveaux motifs, à l’instant d’une mémoire qui ne peut se former que dans le partage. 

Ce projet d’exposition est réalisé en partenariat avec Bozar, Musée de la Photographie de Charleroi, Fondation Chantal Akerman, Polish Institute Brussels, Galerie Loeve&Co, Jewish Historical Institute, Dvir Gallery, Marian Goodman Gallery.  

Le Musée Juif de Belgique vous propose de rencontrer Jo Struyven, le photographe de l’exposition « 236-Land(es)capes fron the 20th convoy » à travers une visite guidée singulière !

L’exposition « 236-Land(es)capes from the 20th convoy » propose un regard artistique sur un épisode exceptionnel de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Le 19 avril 1943, le 20e convoi quittait le camp de transit de Malines pour déporter 1 631 Juifs vers Auschwitz. Grâce à des actions de résistance menées à la fois depuis l’intérieur et l’extérieur des wagons, 236 de ces déportés parvenaient à sauter du train qui les destinait à l’extermination.

Revenant sur cet acte de rébellion unique dans l’Europe occidentale sous administration nazie, le photographe Jo Struyven (°Sint-Truiden, 1961) nous donne à voir les paysages qui ont servi de cadre à cette histoire méconnue. Dressant un « mémorial » contemporain, ces photographies sont une réponse à l’indifférence qui caractérise aujourd’hui ces paysages dépouillés, où n’apparaît nulle présence humaine, et qui furent pourtant chargés d’(in)humanité.

Placées en dialogue avec ces photographies, deux peintures de Luc Tuymans (°Mortsel, 1958) évoquent la destruction des Juifs et des Roms d’Europe. De manière réitérée, l’œuvre de Tuymans explore la relation qu’entretiennent les individus avec l’Histoire et les confronte à leur capacité à l’ignorer. La persécution durant la Seconde Guerre mondiale s’érige, à partir de la fin des années 1970, en thématique de sa peinture.

« Écrire un poème après Auschwitz est barbare ». Tel est le constat qu’émettait, en 1949, le philosophe allemand Theodor W. Adorno. À travers deux perspectives issues des arts visuels, c’est cette question de l’(im)possibilité de l’art après la Shoah que pose cette exposition.

Organisée en partenariat avec la Fondation Auschwitz, cette exposition sera accompagnée d’un ouvrage-catalogue (sortie de presse le 19 avril 2023), ainsi que d’un espace pédagogique qui présentera les témoignages d’évadés du 20e convoi de déportation.

Information pratique :

Visite guidée en FR/NL

à partir de 15h

prix de la visite guidée gratuite

Exposition payante : 10 euros

FR

Cette carte reprend le trajet (en brun) que suit le 20e convoi depuis la caserne Dossin de Malines, point de départ de la déportation en Belgique, jusqu’à la frontière allemande. Chaque numéro correspond au matricule que l’occupant avait attribué aux déportés, et leur position sur la carte indique les différents lieux d’évasion. Les couleurs signalent le sort des évadés :

  • Vert      : n’a pas été repris par l’occupant allemand
  • Jaune    : a été repris, déporté dans un convoi ultérieur et n’a pas survécu la guerre
  • Bleu      : a été repris, mais a survécu la guerre
  • Rouge   : tué lors de l’attaque

Les parenthèses qui accompagnent certains numéros indiquent qu’il s’agit de déductions, réalisées à partir de recoupements entre différentes sources. Les numéros dépourvus de parenthèses correspondent à des témoignages directs.

Les lettres renvoient aux photographies prises entre 2020 et 2022 par Jo Struyven, et qui sont visibles dans cet espace d’exposition.

 © Carte des chemins de fer belge 1935, SNCB – Jo Struyven, 2022

NL

Deze kaart toont het traject (in bruin) van het 20ste konvooi vanaf de Dossinkazerne in Mechelen, startpunt van de deportatie in België, tot aan de Duitse grens. Elk nummer komt overeen met het nummer dat de bezetter aan de gedeporteerden had toegekend en hun positie op de kaart toont de verschillende ontsnappingsplaatsen. De kleuren geven het lot van de ontsnapte gevangenen aan:

  • Groen:   werd niet opnieuw opgepakt door de Duitse bezetter
  • Geel:   werd  opnieuw opgepakt, gedeporteerd in een later konvooi en overleefde de oorlog niet
  • Blauw:   werd opnieuwopgepakt, maar overleefde de oorlog
  • Rood:    gedood tijdens de aanval

De haakjes bij bepaalde getallen geven aan dat het om een deductie gaat, gemaakt door verschillende bronnen te vergelijken. De nummers zonder haakjes verwijzen naar directe getuigenissen.

De letters verwijzen naar de foto’s die tussen 2020 en 2022 door Jo Struyven zijn gemaakt en die in deze tentoonstellingsruimte te zien zijn.

  © Kaart van de Belgische Spoorwegen 1935, NMBS – Jo Struyven, 2022

EN

This map shows the itinerary in Belgium (in brown) that the 20th convoy followed from the Dossin barracks in Mechelen, where deportees were held, to the German border. Each number corresponds to the number that the Nazis assigned to the deportees. Their positioning on the map indicates the places where people were able to escape. The colours indicate the fate of the escapees:

  • Green: not recaptured by the Germans
  • Yellow: recaptured, deported on a later convoy, and did not survive the war
  • Blue: recaptured, but survived the war
  • Red: killed in the attack

Numbers with parentheses indicate that these are assumptions, made after cross-referencing different sources. Numbers without parentheses correspond to direct testimonies.

The letters refer to photographs taken between 2020 and 2022 by Jo Struyven, which are on display in this exhibition space.

 © Belgian railway map 1935, SNCB-NMBS – Jo Struyven, 2022

Rencontre avec Manuela Cadelli le 8 décembre 2022 à 19h30

Pour célébrer la Journée mondiale des droits de l’Homme, le Musée Juif de Belgique a l’immense plaisir de vous inviter à une rencontre avec Manuela Cadelli, Juge au Tribunal de première instance de Namur et présidente de l’ASBL Justice for Rule of Law. Elle a présidé l’Association Syndicale des Magistrats entre 2013 et 2019. Elle est l’autrice de « Radicaliser la justice. projet pour la démocratie  » (Samsa 2018) et de « La légitimité des élus et l’honneur des juges  » (Samsa 2022).

Dans ce dernier ouvrage, Manuela Cadelli démontre comment la Shoah et les exactions du nazisme ont justifié, à partir de la Libération, une refondation à la fois démocratique et civilisationnelle qui a totalement redéfini l’équilibre des institutions et la compréhension des légitimités respectives des pouvoirs élus et de la justice étatique et internationale. 

Elle procède à une analyse historique des relations entre les pouvoirs politiques et la justice étatique en France, en Allemagne et en Belgique, analyse qu’elle fait débuter à la Révolution française et qu’elle complète par une approche philosophique et politique essentiellement à partir de l’enseignement d’Emmanuel Kant et d’Hannah Arendt. Ceci l’amène in fine à poser le constat de la troublante similitude qui marque nos années 1920 et la séquence du début du XXe siècle qui a rendu possible le nazisme et la Shoah.  

Manuela Cadelli invite en conclusion les acteurs de justice à urgemment et véritablement entrer en « militance », à la fois dans l’espace public et dans les palais de justice, aux côtés des démocrates soucieux de voir respecter et restaurer les principes et valeurs de la refondation démocratique conçue et instaurée après 1945. Elle les enjoint à oser s’approprier la séquence de la Shoah pour la confronter aux agitateurs de division et de haine qui occupent les débats actuels.

La modération des débats sera assurée par Sarah Halfin.

informations pratiques :

19h Accueil du public

19h30 Début de l’entretien

20h45 Fin

L’exposition Arié Mandelbaum est une création originale du Musée Juif de Belgique. Souvent exposé en Belgique comme à l’étranger, le travail du peintre Arié Mandelbaum (°1939, Bruxelles) n’avait pourtant jamais fait l’objet d’une rétrospective. Pour la première fois, productions anciennes et créations récentes sont mises en dialogue, dans un riche parcours présentant une quarantaine d’œuvres s’étalant de 1957 à 2022.

Fils d’immigrants juifs polonais, Arié Mandelbaum commence à peindre à l’âge de seize ans. Dès 1960, il présente une première exposition personnelle, avant de remporter cinq ans plus tard le prix de la Fondation belge de la Vocation. À l’expressionisme exacerbé de ses débuts, succède à partir des années 1980 une expression plus retenue, donnant naissance à des œuvres à la fragilité troublante qu’il poursuit jusqu’à aujourd’hui.

Les œuvres présentées proviennent des collections du Musée Juif de Belgique, mais aussi d’institutions comme le Musée d’Ixelles, le Musée de la Banque nationale de Belgique ou encore les collections de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Nombre de collections privées ont également été mobilisées, notamment celles de particuliers ou encore la Belfius Art Collection.

L’exposition s’articule en différents chapitres thématiques. On découvre d’abord la manière dont le peintre traite la question de l’intimité et la famille, avant que la politique – la contestation de 1968, la guerre du Vietnam – ne vienne télescoper ces questionnements intérieurs. Le parcours se poursuit par l’exploration de l’autoportrait et du corps, deux thèmes qui montrent comment le travail d’Arié Mandelbaum se transforme en une réflexion sur la trace, l’absence, l’effacement. La violence politique – la torture à Abu Ghraib, l’assassinat de Lumumba – fait alors un retour marqué dans son travail. Au cours des deux dernières décennies, celui-ci est toujours plus marqué par la mémoire de la Shoah – comme un retour du refoulé chez cet enfant caché durant la Seconde Guerre mondiale. 

Arié Mandelbaum, Sans titre, 1987, 150 x 162 cm, technique mixte sur toile, collection Hugo Godderis, Veurne © Jan Van Goidsenhoven

Arié Mandelbaum, 2021 © Anass El Azhar Idrissi

Arié Mandelbaum, L’Amandier de Fontenoille, 1989, 162 x 150 cm, acrylique sur toile, collection Hugo Godderis, Veurne © Jan Van Goidsenhoven

Arié Mandelbaum, L’assassinat de Patrice Lumumba, Maurice M’Polo et Joseph Okito – 2 – La Villa Brouwez, 2011, 180 x 210 cm, fusain et craie de couleur sur papier marouflé sur toile, Musée Juif de Belgique, Bruxelles © Anass El Azhar Idrissi

Why do you stand at the door? est le résultat d’une recherche menée en 2021 et 2022 par l’artiste ukrainien Nikolay Karabinovych (°1988, Odesa*) au sein du Musée Juif de Belgique. Dans le « Project Space », vidéo, son, textes et installation de cet artiste multidisciplinaire sont mis en dialogue avec des publications des années 1920-1930 préservées dans la bibliothèque yiddish du musée, ainsi qu’avec des objets issus du patrimoine juif.

Le titre de l’exposition Why do you stand at the door? (Pourquoi te tiens-tu devant la porte ?) est extrait de la chanson du folklore yiddish ‘Lomir Zikh Iberbetn’ (Réconcilions-nous). Les paroles sont un appel à l’entente amoureuse, autant qu’une référence à la crainte du départ de l’autre. Le vers est utilisé ici comme une métaphore pour aborder les migrations des communautés juives d’Europe de l’Est, un nomadisme forcé qui se lit également dans les livres en yiddish conservés au Musée Juif de Belgique. Ces ouvrages constituent un point de départ pour l’exploration poétique d’une mémoire collective oubliée. L’attention se porte en particulier sur les témoignages des femmes, des autrices yiddish de l’entre-deux-guerres dont les livres mettent en lumière cette histoire de migrations mise de côté par les récits et mythes nationaux. 

À travers cette proposition menée en partenariat avec la commissaire d’exposition Patricia Couvet (°1994, Paris), Nikolay Karabinovych cherche à faire dialoguer objets et documents d’archives avec des sources non référencées par les institutions, en vue de valoriser ce qui n’est pas perceptible et d’en exhumer des narrations invisibilisées. Sa démarche permet la réécriture d’une histoire collective, au moment où l’un des fondements de cette histoire, le yiddish, langue diasporique par excellence, semble en voie de disparaître. Elle offre aussi un cadre pour comprendre les expériences personnelles des migrations forcées d’hier et d’aujourd’hui. Elle nous rappelle que l’artiste se veut, à chaque époque,  témoin de son temps : source critique de l’historiographie, il rend visible les fêlures d’une histoire dont on ne peut ignorer qu’elle se déroule tous les jours à Kyiv, Odesa, Bucha, Kharkiv ou encore Mariupol. 

* La plupart des noms des villes ukrainiennes ont été historiquement traduites à partir du russe vers d’autres langues. Dans ce texte et dans l’exposition, le parti pris est de garder le nom des villes en ukrainien dans une approche décoloniale. 

© Isabelle Arthuis

Le 22 octobre, Museum Night Fever fait leur fête à 34 musées bruxellois !

Pour cette nuit des musées tout sauf raisonnable, c’est carte blanche à de jeunes artistes en tous genres.

De 19h à 1h, expositions revisitées, performances, installations, musique live, DJ sets, visites guidées et autres animations fulgurantes vous abandonnent à vos pulsions artistiques.

Le Musée Juif de Belgique sert d’inspiration aux talents de l’Institut de Rythmique Jaques-Dalcroze pour une performance originale de danse, chant et percussions. 

Anna Schlooz explore de son côté l’objectification des corps féminins et homosexuels dans la performance « Bodyodyody », qui combine présence physique et numérique.

Deux expositions servent de décor à ces performances : « Arié Mandelbaum », une première rétrospective bruxelloise dédiée à la production du peintre depuis la fin des années 50 ; et « Why do you stand at the door? » Un projet de l’artiste ukrainien Nikolay Karabinovych mêlant vidéo, son, textes et installation en dialogue avec des objets de la collection et publications de la bibliothèque yiddish du musée.