Enfin ! Museum Night Fever est bel et bien de retour ce 23 octobre et promet, plus que jamais, une soirée de toutes les réinventions. De 19h à 1h, un millier de jeunes talents apportent un nouveau souffle à 29 musées et nous emmènent chercher cette bonne dose de vie et d’effervescence qui ont tant manqué à l’année dernière.

Expositions revisitées, performances, installations, musique live, dj’s, danse, films, animations excentriques, visites guidées et rencontres flamboyantes : c’est parti pour une nuit de coups de foudre et d’imprévisible !

Dans le cadre de la Museum Night Fever 2021 et en collaboration avec l’Institut de Rythmique Jacques-Dalcroze de Belgique, le Musée Juif de Belgique organisera avec des étudiants des performances musicales et dansantes, tout au long du parcours muséal en cohérence avec le concept de « collection ».

Le Musée Juif de Belgique vous propose de découvrir l’exposition « Works on Paper. Galila’s collection », une incursion dans l’univers foisonnant de Gaila Barzilai Hollander, une collectionneuse belgo-israélienne. L’exposition présente une sélection de soixante œuvres sur papier.

Les visiteurs sont invités à parcourir l’exposition permanente « Traditions. Un regard sur nos collections », qui présente les rites et célébrations de la vie juive tout au long de l’année.

Au deuxième étage du Musée Juif de Belgique, vous découvrirez aussi une sélection d’œuvres d’ « Artistes juifs en Belgique», issues des collections de notre musée. Le parcours de ces artistes s’inscrit dans l’histoire de Bruxelles, de la Belgique et dans celle des Juifs d’Europe.

Prévente en ligne dès le 28/09 et programmation complète dès le 5/10 : https://www.museumnightfever.be/

Ce dimanche 19 septembre à 14h, le Musée Juif de Belgique vous invite à une rencontre exceptionnelle avec Mathieu Pernot, lauréat du Prix Cartier-Bresson 2019. 

A l’occasion du finissage de l’exposition « Mathieu Pernot. Something is Happening », l’artiste sera présent à Bruxelles pour vous proposer une déambulation inédite dans l’exposition. Dans cette discussion qui sera animée par Bruno Benvindo (commissaire de l’exposition), il sera question de la manière dont ce photographe se confronte depuis plus de dix ans à la migration et à la présence des demandeurs d’asile sur le continent européen. On y verra aussi la façon dont Mathieu Pernot  travaille avec les sujets qu’il photographie, afin de tenter de répondre à la question qui traverse son œuvre : comment raconter la vie de celles et ceux qui ne la racontent pas ?

Cette exposition a donné lieu à une publication : Ce qu’il se passe. Lesbos 2020.
À l’occasion de cette rencontre, des exemplaires seront signés par l’auteur et disponibles à la vente au musée.

Le samedi 18 et le dimanche 19 septembre 2021 en Région bruxelloise et sur le territoire de la Ville de Bruxelles.

33e édition en 2021 des « Heritage Days ». Un incontournable pour découvrir la richesse des édifices, des institutions et de l’immobilier à Bruxelles. Chaque année une thématique permet de découvrir Bruxelles sous un certain regard. Les 18 et 19 septembre 2021 sur le thème des ‘meeting points’ (points de rencontre).

Le Musée Juif de Belgique participe à cet évenement en ouvrant ses portes gratuitement au public et en proposant une brochure relatant l’histoire du bâtiment abritant ses expositions.

Les trois grandes religions monothéistes sont souvent considérées comme intrinsèquement hostiles à l’homosexualité. Les Textes saints regorgent de condamnations parfois violentes de comportements jugés contre-nature, les institutions religieuses promeuvent une vision de la sexualité fondée sur l’hétérosexualité  reproductive et leurs autorités ne cessent de combattre les avancées juridiques et sociales en faveur des minorités sexuelles.

Pourtant, dans ces trois religions, des croyant·es s’affirment comme homosexuel·les et revendiquent cet ancrage spirituel et culturel sans pour autant refuser de vivre leur sexualité. Patiemment, des fidèles et des religieux·ses tentent de créer des ponts entre des mondes et des comportements que tout semble a priori opposer. De nombreuses analyses ont de plus montré combien les questions sexuelles travaillent profondément les religions du Livre, au point de que celles-ci ne peuvent être comprises sans penser leur dimension érotique. En bref, il semble à la fois simpliste et illusoire d’opposer vie spirituelle et vie homosexuelle ou de prôner la sortie du religieux pour goûter au bonheur sexuel. 

Ce débat, qui réunit expert·es et croyant·es, interrogera la complexité des rapports entre questions religieuses et homosexuelles. Ilexplorera en quoi les identités et les comportements non hétérosexuels peuvent déstabiliser et subvertir les assignations et pratiques normatives du christianisme, du judaïsme et de l’islam. Il discutera enfin de pourquoi la complexité religieuse ne se laisse pas facilement saisir par l’opposition simpliste entre homophilie et homophobie.

Cet événement, organisé par le Musée Juif de Belgique et STRIGES (Université libre de Bruxelles), est soutenu par Equal Brussels. 

Intervenant·es
Fourat Ben Chikha (rapporteur général sur les droits des personnes LGBTI de l’Assemblée du Conseil de l’Europe)
Anthony Favier (David & Jonathan)
Hassan Jarfi (Fondation Ihsane Jarfi)
Françoise Nimal (pasteure, Église protestante unie de Belgique)
Elisa Schanzer (Collectif Shabbes 24/7)

Modération 
David Paternotte (STRIGES/ULB)

Foi, homosexualités et religions

Le lundi 20 septembre a marqué le début de Souccot, la fête des cabanes dans le judaïsme. Ce soir-là l’événement de rentrée de STRIGES avait lieu en collaboration avec le Musée Juif de Belgique autour du thème : « Foi, homosexualités et religions ». Cette table-ronde était l’occasion pour le Musée de réaffirmer son engagement pour un dialogue interculturel et interreligieux et, pour STRIGES, de sortir des murs de l’ULB et de réaffirmer l’importance d’un dialogue avec la cité.

Quatre expert·es, croyant·es ont échangé pour dépasser le poncif simpliste selon lequel appartenances religieuse et LGBTIQ ne font pas bon ménage. Elisa Schanzer, Anthony Favier, Hassan Jarfi et Françoise Nimal ont tour à tour pris la parole pour raconter leur expérience personnelle mêlant foi, genre et sexualité.

Homosexualités et religions : une impossible conciliation ?

Christianisme, judaïsme et islam sont souvent décrits et perçus comme hostiles à l’homosexualité. Si elles ne sont pas encore inclusives et accueillantes, « les églises chrétiennes ne sont pas condamnées à être dans l’hostilité ou la persécution des personnes LGBTIQ », rappelle Anthony Favier, docteur en histoire contemporaine et ancien co-président de l’association LGBTIQ chrétienne David & Jonathan. Il en va de même pour les deux autres religions monothéistes.

Des croyant·es, pratiquant·es ou non, voire membres d’un ordre religieux, s’affirment comme homosexuel·les tout en revendiquant leur appartenance religieuse. Il serait donc « absurde de vouloir penser tout de suite les choses en termes d’opposition », continue Anthony. La complexité religieuse ne peut se résumer à une simple opposition entre homophilie et homophobie. Les bricolages existent bel et bien et peuvent être sources de résistances diverses.

Des religions (trop) binaires

Son expérience a mené Elisa Schanzer à questionner la structure binaire du judaïsme. Elle est guide pour le Musée Juif de Belgique et a travaillé pour l’organisation LGBTIQ çavaria et le magazine LGBTIQ ZIZO. Elle se présente comme juive, non-binaire et bisexuelle. Plus que sa bisexualité, c’est surtout sa non- binarité qui l’a conduite à interroger sa pratique religieuse. Si Elisa se dit être une personne « pas très religieuse, plutôt séculaire », elle aime suivre les traditions orthodoxes, lesquelles sont particulièrement binaires. Les hommes et les femmes occupent des espaces distincts dans les synagogues, font des prières différentes, se vêtissent en fonction de leur genre, etc. Petite, elle devait porter une jupe pour se rendre à la synagogue. Ce vêtement la dérangeait, sans comprendre réellement pourquoi. Depuis, elle a fait son « coming out LGBTIQ » et est plus à l’aise avec l’obligation de porter une jupe, qu’elle perçoit davantage comme un uniforme. Elisa mélange les prières des hommes et des femmes et porte parfois une kippa aux couleurs arc-en-ciel. « Ce n’est pas ma sexualité qui était difficile mais mon genre », dit-elle. Elle souligne aussi que le judaïsme libéral fait preuve d’une plus grande inclusivité et est bien moins binaire : « chez les juifs libéraux, il n’y a pas ces différences. C’est très égal. Les personnes de tous les genres peuvent aller dans la synagogue ensemble et tout le monde peut porter une kippa. » Elisa ne souhaite pas pour autant abandonner les traditions orthodoxes pour se tourner vers un judaïsme libéral. Aujourd’hui, elle dit avoir trouver un certain équilibre. Sa judaïté, son genre et sa sexualité ne lui posent plus problème.

Ni partir ni se taire

Les personnes LGBTIQ subissent certaines injonctions dans les milieux religieux. Si elles souhaitent rester dans la religion, elles sont sommées de se taire sur leur sexualité et d’étouffer leur interprétation des textes sacrés. Et si elles décident de la quitter, elles sont qualifiées de communautaristes. Anthony Favier note que « parfois, tout est fait pour éviter l’expérience des LGBTIQ parce qu’elle pose problème ». Il les invite donc à « ni partir, ni se taire », selon l’expression des essayistes et journalistes Anne Soupa et Christine Pedotti. En les rejetant, les religions se privent d’une précieuse parcelle d’humanité et d’une expérience riche faite certes de souffrance et de vulnérabilité mais aussi d’amour.

La pluralité s’immisce jusque dans la foi. « Le positionnement par rapport au surnaturel ou à un héritage de textes sacrés dans une société sécularisée sont des indices de l’existence d’une foi plurielle », explique Françoise Nimal, pasteure de l’Église protestante unie de Belgique à Verviers. La foi dépend d’une personne à l’autre et est donc « déjà du bricolage ». Les personnes LGBTIQ sont particulièrement amenées à bricoler dans les milieux religieux et apportent donc « des choses intéressantes dans le champ de la foi », ajoute-t-elle.

Ce soir-là, Hassan Jarfi témoigne de son parcours de professeur de religion islamique mêlé à celui de son fils Ihsane Jarfi assassiné en 2012 car homosexuel. Sa fonction de professeur lui a permis de fouiller dans les textes et de « comprendre ce qu’était la religion » qu’il connaissait en partie puisqu’il a été éduqué « dans cette matrice religieuse ». Marié à une Belge, il a un premier enfant, une fille, avant la naissance d’Ihsane, son deuxième enfant et premier fils. Il le décrit comme un garçon qui « n’était pas comme les autres », qui s’amusait à porter les chaussures de sa mère, qui n’aimait ni le karaté ni le football. Ihsane ne parvenait pas à trouver des repères dans sa famille de tradition musulmane et a dû bricoler entre ses appartenances multiples. Il s’est accommodé des codes pour respecter les normes dans les différentes communautés: «Si tout le monde avait une personnalité constante, hétéro devant tout le monde, garçon ou fille devant tout le monde, lui non. Il était asexué à la maison, don Juan pour les Arabes et musulmans et il était homo pour la communauté en qui il avait confiance. Il savait respecter les codes et les normes. » Lorsqu’il allait au Maroc, Ihsane adoptait « une démarche virile ». En Belgique, « il était tout à fait différent. Il était ce qu’il était. Il marchait comme il voulait, il dansait, il chantait, il faisait des blagues », se souvient Hassan. Malheureusement, l’histoire est tragique. Suite à l’assassinat de son fils, Hassan Jarfi crée la Fondation Ihsane Jarfi dont il est aujourd’hui le vice-président.

Pour Elisa Schanzer, qu’il s’agisse d’antisémitisme ou de discriminations LGBTIQ, le risque zéro n’existe pas. C’est pourquoi le 24 juillet 2020, elle crée avec d’autres le collectif diasporique, queer et juif Shabbes 24/7. L’idée de départ était simplement de fêter un Shabbat dans un espace où elle ne devait expliquer aucune de ses identités. Finalement, le groupe est devenu un collectif et a conservé son nom initial. « Ce groupe est une place où iels peuvent vraiment être eux-mêmes », explique-t- elle.

À travers leurs récits personnels apparaissent les bricolages qu’ils et elles ont réalisé pour n’avoir à renoncer ni à leur pratique religieuse, ni à leur appartenance de genre, ni à leur sexualité. Leurs expériences montrent une certaine ouverture des monothéismes à ces questions. La généralisation n’est toutefois pas de mise. Si la Fondation Ihsane Jarfi est soutenue par une partie de la communauté musulmane de Belgique, Hassan Jarfi observe également un «durcissement contre les homosexuels par le retour d’une pratique rigoureuse de l’islam politique qui se présente comme musulmane ». Du côté catholique, le Vatican a qualifié en mars dernier l’homosexualité de « choix » et de « péché ». Le Saint-Siège rappelle ainsi à l’ordre certains prêtres et évêques qui bénissaient des mariages homosexuels. L’Église catholique a réaffirmé sa position en déclarant que « la bénédiction des unions homosexuelles ne peut être considérée comme licite », faisant s’envoler les espoirs de millions de catholiques homosexuel·les dans le monde.

Malgré ces renforcements et durcissements de position, les quatre intervenant·es remarquent quelques avancées positives.

Des avancées à petits pas

En Belgique, en France et en Suisse, de plus en plus d’églises veulent devenir inclusives. Françoise Nimal salue cet élan mais en questionne les raisons et les manières de faire. Les personnes LGBTIQ sont accueillies mais par une « assimilation à l’hétérosexualité » : l’Église protestante leur accorde le mariage comme un couple hétérosexuel et donc sans repenser la structure elle-même. La pasteure anticipe les enjeux futurs et interroge, comme Elisa Schanzer, la place des personnes non-binaires. La non-binarité constitue probablement un des grands défis pour l’avenir de la chrétienté.

Plus qu’un accueil compassionnel et paternaliste, offrir une pleine place aux croyant·es LGBTIQ constituerait une réelle avancée. C’est une des questions auxquelles réfléchit le Carrefour des Chrétiens Inclusifs (CCI) dont font partie les

deux représentant·es chrétien·nes. Cette association promeut l’inclusion inconditionnelle des personnes appartenant aux minorités sexuelles et de genre dans les églises et mouvements chrétiens francophones.

En tant qu’ancien président de l’association David & Jonathan, Anthony Favier souligne des avancées positives réelles. Lors des trois synodes (deux sur la famille et un sur la jeunesse) qui se sont déroulés dans l’Église catholique ces dernières années, de « petits mouvements inattendus » ont pris place. Un réseau international de catholiques arc-en-ciel – une euphémisation pour éviter de dire LGBTIQ ou homosexuel·les – a été mis en place. Il ne nie pas toutefois les difficultés rencontrées notamment au moment de la Manif pour tous en France ainsi que l’apparition d’un mouvement de thérapies de conversion dans ce pays. Il se dit « raisonnablement optimiste pour la suite » car les Églises chrétiennes disposent, selon lui, de tous les éléments théologiques, liturgiques, moraux, intellectuels pour inclure les personnes minorisées à condition d’écouter leurs voix, expériences, interpellations et travaux théologiques.

Si des LGBTIQphobies existent toujours dans le judaïsme, Elisa Schanzer constate une avancée positive. Hassan Jarfi qualifie, pour sa part, l’assassinat de son fils de « souffe libérateur » qui lui a ouvert les yeux. Depuis, il est mu par une énergie sans fin pour aider les personnes LGBTIQ rejetées par leur famille et a reçu de nombreux soutiens de représentants de mosquées.

Tous et toutes semblent ainsi confiant·es dans une avancée positive des monothéismes vers une plus grande inclusion. En attendant, des croyant·es continuent à bricoler et créer des ponts entre leur foi et leur appartenance LGBTIQ.

Leila Fery

Les vidéos de l’événement sont disponibles sur la page Facebook du Musée Juif de Belgique, sur sa page YouTube ainsi que sur son site Internet.

Anthony Favier a été co-président de l’association LGBT+ chrétienne David & Jonathan. Docteur en histoire contemporaine, il est professeur dans un lycée public du Val-de-Marne (France) et collabore régulièrement au journal Témoignage chrétienSes travaux de recherche portent sur les enjeux de genre dans le catholicisme contemporain. Outre de nombreux articles et chapitres, il est l’auteur, avec Christine Pedotti, du livre Jean-Paul II. L’ombre du saint (Albin Michel, 2020).

Né en 1953, de père berbère et de mère arabe, Hassan Jarfi. Attiré depuis l’enfance par les littératures arabe et française, il a grandi à Casablanca. Il est venu en Belgique pour décrocher une licence en communication à l’Université de Liège puis a entamé un DEA en soufisme à l’Université d’Aix-en-Provence. Il a été professeur de religion islamique à l’Athénée royal Charles Rogier de Liège et responsable du Département des mosquées pour la communauté arabophone en Région wallonne. Suite à l’assassinat de son fils Ihsane en 2012, il a créé la Fondation Ihsane Jarfi, dont il assure aujourd’hui la vice-présidence. Cette Fondation lutte contre l’intolérance, les discriminations et l’homophobie. Il est l’auteur du livre Ihsane Jarfi. Le couloir du deuil (Luc Pire, 2013).

Françoise Nimal est Pasteure de l’Église protestante unie de Belgique à Verviers (paroisse de Verviers-Hodimont) depuis 2015. Théologienne, poète et féministe, elle a également une formation de philosophe et journaliste. Elle est membre du CA du Carrefour des Chrétiens inclusifs, association francophone qui promeut l’inclusion inconditionnelle des personnes appartenant aux minorités sexuelles et de genre dans les églises et mouvements chrétiens.

Elisa Schanzer (elle/iel, she/they) est membre du collectif diasporique, queer et juif Shabbes 24/7. Depuis la création du collectif l’année dernière, l’organisation a entre autres publié un magazine, organisé des shabbats queers et un seder de Pessah en ligne. Elisa est aussi guide au Musée juif de Belgique et a travaillé pour l’organisation LGBTI+ çavaria et le magazine LGBTI+ ZIZO.

Vous avez entre 12 et 15 ans ? Vous souhaitez découvrir différentes cultures et croyances à Bruxelles ? Alors cette visite est faite pour vous. Le Musée Juif de Belgique se trouve sur ce parcours le jeudi 12 août. Au programme : découverte de soi, initiation au judaïsme, discussion sur les stéréotypes et visite d’une synagogue. Inscrivez-vous sur le site de Axcent.

L’exposition

Mêlant photographies, vidéos et supports manuscrits, l’exposition place en son coeur un espace-temps aussi précis qu’emblématique : l’île de Lesbos au cours de l’année 2020. Située en mer Egée, à quelques kilomètres des côtes turques, cette île a connu en 2020 une succession de crises qui en font un point nodal de notre histoire et de notre conscience. C’est à ce titre que le Musée Juif de Belgique a imaginé cette exposition, création originale qui interroge des thématiques qui font écho à l’histoire longue des collectivités juives : l’exil, la violence, la solidarité.

Montré pour la première fois, le travail que Mathieu Pernot a mené à Lesbos en 2020 est ici ancré dans une œuvre au long cours. Depuis plus de dix ans, le photographe se confronte à la question migratoire et à la présence des demandeurs d’asile sur le continent européen. Si les premières images rendaient compte d’une forme d’invisibilité de ces individus cachés sous des draps dans les rues de Paris ou chassés de la forêt de Calais, les séries réalisées par la suite explorent de nouvelles formes de récits partagés. En recueillant des textes écrits sur des cahiers d’écoliers ou en réceptionnant des images enregistrées sur leur téléphone portable, l’auteur se fait aussi le passeur de « la vie des autres », indiquant combien celle-ci, avant même d’être celle des autres, est une Histoire commune qu’il faut raconter ensemble.

Lauréat du Prix Cartier-Bresson 2019, Pernot  s’inscrit dans la démarche de la photographie documentaire pour finalement en détourner les protocoles. Interrogeant sa propre pratique, explorant les formules alternatives, son travail construit ce qui manque si souvent, des récits à plusieurs voix.

Publication

Publié aux éditions GwinZegal et réalisé dans le cadre de l’exposition « Something is Happening » organisée par le Musée Juif de Belgique, « Ce qu’il se passe. Lesbos 2020 » est en vente à l’accueil de notre musée.

Sorti de presse en mai 2021, cet ouvrage nous immerge dans le travail photographique que Mathieu Pernot a mené auprès des migrants du camp de Moria. Dans ce récit en images, le lauréat du prix Cartier-Bresson 2019 nous emmène, au fil des chapitres, « Sur le chemin », « Traverser la passerelle », « Construire un abri », « Faire un feu », « Attendre ». L’ouvrage bascule en nous montrant « Ce qu’il se passe » quand tout est soudain détruit par un geste de désespoir qui rappelle la tragédie classique, et qu’il n’y a plus qu’à « Sauver ce qui peut l’être » et à « Tout recommencer ».

En prélude à la rétrospective du photographe français Mathieu Pernot, le Musée Juif de Belgique présente à partir du 30 avril une exposition de groupe avec des œuvres d’Armando Andrade Tudela, Marianne Berenhaut, Heidi Bucher, Miriam Cahn, Latifa Echakhch, Sigalit Landau, Alina Szapocznikow, Naama Tsabar et Lawrence Weiner.

Une proposition d’Eloi Boucher en collaboration avec le Musée Juif de Belgique

Ellis Island est « cet étroit banc de sable à l’embouchure de l’Hudson », un îlot face à Manhattan. Il a été l’entrée principale de nombre de communautés arrivant sur le sol américain entre 1892 et 1924. Près de seize millions d’émigrants – majoritairement d’Europe mais aussi de pays arabes – y sont passés en transit et ont été amené à subir toute une série d’examens médicaux et psychologiques, mais aussi à changer d’identité. Georges Perec, écrivain d’origine juive polonaise, nous offre une description minutieuse de ce « non-lieu » dans un texte écrit en 1979. Un lieu utopique où on s’oublie, où le corps et l’identité se transforment, un lieu où on laisse aussi place aux rêves et à l’espoir d’un monde meilleur.

Dans la suite du récit de Perec, l’exposition au Musée Juif de Belgique nous concentre sur la manière dont les artistes contemporains traitent le thème de l’exil et comment ils confrontent le monde en tant que lieu de dispersion, d’enfermement et d’errance. Ellis Island explore le déracinement et l’émigration comme un état mental ou physique, mais aussi comme un « catalyseur » de création où sont mis en œuvre des processus artistiques d’assemblage et de fragmentation.

Naama Tsabar, Melody of Certain Damage #6, 2018 © Dvir Gallery

Le jeudi 3 juin de 17h à 22h, les Nocturnes au Musée Juif de Belgique vous mettent des petites étoiles dans les yeux.

Aiguisez votre regard grâce à nos standing guides qui répondent à toutes vos questions au coeur de nos deux nouvelles expositions temporaires :

  • Mathieu Pernot. Something is happening. Mêlant photographie et vidéo, cette exposition retrace le destin des réfugiés échoués sur l’île de Lesbos au cours de l’année 2020. Est aussi présenté, en écho, le travail au long cours que le photographe français Mathieu Pernot consacre aux exclus et aux invisibles. 
  • Ellis Island. Prenant comme point de départ le livre éponyme que Georges Perec consacre à l’exil, cette exposition présente dans le Project Space du Musée une dizaine d’artistes contemporains de renommée internationale, dont Miriam Cahn, Latifa Echakhch, Sigalit Landau et Alina Szapocznikow.

Discours de Monsieur Philippe Blondin, Président du Musée Juif de Belgique

Nous commémorons pour la septième année consécutive l’attentat qui s’est déroulé en nos murs le 24 mai 2014.

Ce jour-là, à 15h38, se trouvait, dans l’entrée du musée, Emmanuel et Myriam Riva, touristes israéliens venus en Belgique pour fêter leurs 25 ans de mariage. Un membre de l’Etat islamique les a abattu d’une balle dans la tête, à bout touchant , avec son revolver. Puis, le tueur, devant la porte de l’accueil, a saisi dans son sac, qu’il avait déposé au sol, sa Kalachnikov et a abattu notre jeune et chaleureux Alexandre Strens qui tentait de protéger notre bénévole Dominique Sabrier. Celle-ci qui s’abritait derrière son bureau a été abattue, à son tour. Le tueur, son œuvre accomplie, retourne tranquillement pour se reposer durant une semaine à Molenbeek et enregistre son exploit en prononçant entre autres, les paroles suivantes : « nous mettrons Bruxelles à feu et à sang ». Paroles lourdes de sens et prémonitoires.

Tous, nous avons été saisis par ce tremblement de terre qui visait un musée juif, lieu de culture, d’intelligence, de partage. L’Etat islamique, par le bras de ce tueur programmé, assouvissait toutes ses haines :
La haine des Juifs, longue tradition de judéophobie et de judéocide
la détestation de l’intelligence et de la culture en général
L’éradication de notre histoire, notre civilisation dans l’abomination de nos valeurs démocratiques
La destruction de notre vivre ensemble dans le respect de l’autre soi-même

A l’époque, nos Autorités n’ont pas compris ou n’ont pas voulu comprendre toute la portée de cet acte. Ce premier tremblement de terre qui visait un musée juif était porteur d’une menace bien plus lourde. D’autres tremblements de terre, encore plus destructeurs, suivraient. L’année 2015, année horribilis.
Pour aborder une des abominations de l’Etat islamique, le domaine de la culture, nous avons assisté à un véritable génocide :
Destruction de Palmyre, Ninive, Raqqa, Mossoul,
Attentat au Musée du Bardo à Tunis,
Charlie-Hebdo, le Bataclan,
Destruction des bibliothèques et manuscrits anciens de Tombouctou.
Et puis, pour remplir un autre objectif qui vise notre mode de vie et notre société ouverte, l’attentat de Maelbeek et de Zaventem pour tuer des citoyens de toutes confessions riches de leur histoire et de leur passé.

Combien de familles dans le deuil, combien de familles marquées à jamais par une douleur imprescriptible, combien de personnes blessées dans leur chair et dans leur cœur.
Et je pense à la maman d’Alexandre, à Alexia et ses frères.
Et je pense aux filles des Riva, Shira et Ayelet, trop tôt orphelines.
Et à Oriana, fille de Dominique et à son frère, Bernard.

Alors, Mesdames, Messieurs, je vous le demande très solennellement :
N’oubliez pas cet attentat, prémonitoire, du Musée Juif de Belgique en 2014 !

PROLONGÉE JUSQU’AU 25 AVRIL 2021

Home constitue la première rétrospective consacrée au travail d’Assaf Shoshan (°1973), photographe et vidéaste qui vit et travaille entre Paris et Tel Aviv. Cette exposition inédite retrace le fil d’une œuvre sensible et engagée, réalisée sur une dizaine d’années entre le Moyen-Orient et l’Europe, avec l’Afrique en toile de fond. Formé à la philosophie, avant de se consacrer à la photographie, Shoshan sonde inlassablement le monde, à travers les notions de territoire, d’identité et d’appartenance, au-delà des frontières tangibles. Habitée par le thème du déracinement, son œuvre porte un regard subtil et délicat sur une humanité en errance.

Ses paysages et ses portraits évoquent une attente ancestrale, dénuée de mélancolie. Son approche empathique, à la fois documentaire et autobiographique, donne naissance à des images énigmatiques à mi-chemin entre réalité et fiction. En mettant en perspective la réalité des exilés d’aujourd’hui, Shoshan évoque en filigrane l’histoire du peuple juif, traversé par l’exode et les questions de l’abandon et de l’acceptation. Mais son obsession pour le thème de l’exil rejoint aussi sa propre histoire: appartenant à la troisième génération d’exilés juifs installés en Israël, ayant lui-même fait le choix d’aller vivre dans un pays étranger, Shoshan est intimement travaillé par la question de l’attachement à un lieu. À partir de l’expérience d’un sentiment d’étrangeté, l’artiste israélien déploie une œuvre visuelle unique. Il invente une poétique de la clandestinité, impulsée par cette interrogation: à quel territoire se vouer dans un monde aux contours flous?

À découvrir du 7 octobre 2020 au 25 avril 2021 au Musée Juif de Belgique.